Décrypter les mots-clés et le sens renversé
Le tarot Égyptien d’Étteilla, l’un des tout premiers jeux conçus exclusivement pour la divination, fascine autant qu’il intrigue. Face à ses cartes couvertes de mots-clés — parfois énigmatiques, parfois limpides — une question revient souvent : comment les lire ? Faut-il se fier aux termes imprimés ? Comment interpréter une carte tirée renversée ?
Cet article vous propose un guide clair pour lire, comprendre, et ressentir chaque carte du tarot Étteilla.
Les mots-clés imprimés : bien plus que des étiquettes
Chaque carte du tarot Étteilla, qu’il s’agisse du « Grand » (78 cartes) ou du « Petit » (32 cartes), porte des mots-clés directement sur l’image. C’est une singularité forte du système d’Étteilla, destiné à rendre le tirage lisible même pour un débutant.
Mais attention : ces mots-clés ne sont pas des verdicts. Ce sont des axes, des entrées symboliques, des suggestions. Ils offrent un prisme d’interprétation, mais ne doivent jamais remplacer l’intuition, le contexte du tirage, ni la question posée.
Exemple : Le Neuf de Cœur porte le mot-clé « Victoire ». Mais tiré dans un contexte amoureux, cette « victoire » peut signifier une réconciliation plutôt qu’un triomphe égotique.
Le rôle du sens renversé
Contrairement à d’autres tarots où le renversé est facultatif, le tarot d’Étteilla accorde une place essentielle à l’orientation de la carte. Chaque lame possède une signification distincte selon qu’elle soit droite ou renversée. Ces deux lectures sont souvent diamétralement opposées.
- Droit : la carte exprime une énergie en voie de manifestation, un état clair, une tendance évidente.
- Renversé : elle exprime soit un blocage, soit une inversion de cette énergie, soit un aspect plus intérieur ou caché.
Exemple : Le Dix de Carreau signifie « Or » (richesse) à l’endroit. Renversée, elle évoque « Trahison » — l’envers du gain.
Lire dans le contexte du tirage
Aucune carte ne parle seule. Un tirage Étteilla, surtout en croix ou en trois marches, fonctionne comme un langage : chaque carte nuance ou éclaire les autres. Le sens d’un mot-clé peut être renforcé, contredit ou détourné par son environnement symbolique.
Exemple : La carte n°9 « Justice », tirée à l’endroit, évoque l’équité, la rectitude, une décision équilibrée. Mais si elle est encadrée par n°15 « Maladie » et n°18 « Trahison », le sens bascule : la justice devient viciée, ou rendue au détriment de la vérité. Elle peut même signaler une fausse accusation ou un jugement altéré par la souffrance.
C’est tout l’art du tirage : faire dialoguer les cartes. Plus qu’un catalogue de significations, le Grand Étteilla forme une grammaire symbolique vivante.
Etteilla, lecteur critique de la divination
Ce que l’on oublie parfois, c’est qu’Étteilla lui-même avertissait contre une lecture trop littérale. Dans son ouvrage « Manière de se recréer », il rappelle que son jeu est un divertissement — un moyen de réflexion, pas un oracle absolu.
Les mots-clés sont là pour ouvrir l’esprit, non pour le figer. Lire une carte Étteilla, c’est accepter d’interpréter, de douter, de sentir.
Conseils pour débuter
- Commencez avec des tirages simples : une carte par jour ou un tirage en croix.
- Notez vos impressions à chaud, puis relisez-les plus tard : l’écart entre intuition et compréhension peut surprendre.
- N’hésitez pas à regarder la carte longtemps. Le regard construit le sens.
- Concentrez-vous sur les significations droite/renversée, et les éléments associés.
En résumé
Lire une carte d’Étteilla, c’est conjuguer les mots, le sens, l’image et le contexte. Ce n’est pas seulement “comprendre” une carte, mais l’écouter. C’est aussi accepter de ne pas tout comprendre tout de suite.
Que vous soyez cartomancien débutant ou amateur éclairé, le tarot Étteilla vous propose un jeu d’esprit, un miroir symbolique, et une invitation à la nuance.